La canicule de 2003, qui a tué 15 000 personnes en France sans que cette surmortalité ait été identifiée rapidement, a suscité des interrogations sur la capacité des pouvoirs publics à dénombrer les morts avec exactitude, à détecter les crises sanitaires et à prévenir l’apparition de drames semblables.
Comment enregistre-t-on les morts ? Quelles sont les informations que l’on cherche ainsi à obtenir et dans quels buts ?Pour répondre à ces questions, qui se posent dans tous les pays industrialisés, quatre sociologues et un historien se sont intéressés aux modalités d’enregistrement de la mortalité en Angleterre, aux États-Unis et en France. Leur étude montre que ces modalités reflètent des choix de société, plus ou moins anciens, qui diffèrent d’un pays à l’autre. Pourquoi les Français sont-ils obsédés par la confidentialité des causes de la mort ? Pourquoi les Anglais pratiquent-ils vingt fois plus d’autopsies qu’en France ? Comment les Américains inscrivent-ils l’enregistrement des morts dans la lutte contre le terrorisme ?
En principe, les trois pays produisent des données de mortalité similaires, susceptibles de faire l’objet de comparaisons internationales. En pratique, les modes de construction de l’information sont très variables, et les préoccupations de santé publique sont loin d’être prioritaires.